Céline Pelcé

« Nous ferons notre possible pour signaler que les éléments météorologiques, géographiques et temporels expriment la poésie d’un Lieu et qu’à ce titre, comme ceux qui cuisinent, ceux qui mangent, et ceux qui seront mangeés, ils participent activement à l’élaboration du repas et à sa narration. C’est dans cette dynamique de déconstruction et de déploiement que nous mettons en oeuvre la forme de repas que nous qualifions d’ « antropo-décentré ». Lire ici le manifeste

Cherchant à décentrer l’humain dans l’experience du repas, nous avons amené les objets et les invités à mimer et à ingérer les métamorphoses du paysage et en particulier ce jour-là, la descente de sève hivernale. Dans l’enchaînement infini des choses est un repas manifeste élaboré dans et sur le sol d’un jardin, qui expanse le repas dans le temps et dans l’espace, au vivant non-humain, et à des artefacts animés autonomes.

La laque japonaise est issue de la sève de l’arbre Urushi, de la famille des Sumac. Nous avons déployé les matières de la laque sur une série de 84 objets, et les avons enterrés un mois avant le repas pour laisser le jardin s’en saisir, invitant la terre, les insectes, les bactéries et les plantes à impacter la matière. Le mangeur-jardinier creuse pour trouver les artefacts pendant le repas, en remuant la terre. Châtaignes, tempura de feuilles de Gingko, érable et plaqueminier, cacao à lécher sur branche de tilleul, champignons, racines crues et rôties... Le menu, suivant le rythme d’extraction du sol, a filé le mouvement de descente de sève lors d’une dégustation allant des fruits aux racines.